Lei Tambourinaire de Sant Sumian

Le groupe folklorique LEI TAMBOURINAIRE DE SANT SUMIAN est né en pleine guerre (1942) par une bande de copains, de 18 ans à peine, pour reproduire ce que l’un d’eux vivait pendant ses études, dans le groupe LA COUQUETO à Marseille. Le Dr. Pierre ROCHAS, a rassemblé autour de lui de fervents défenseurs brignolais et barjolais de la culture provençale tant en musique, en danse, en langue, en coutumes.

Durant deux ans, leur activité se limita à quelques spectacles privés et figurations dans des films provençaux.
À la libération, ce groupe qui n’avait cessé de se documenter sur les coutumes et traditions du Pays, participa à de nombreuses fêtes nationales et régionales, apportant ainsi un témoignage vivant du passé.

Depuis plus de 80 ans, l’aventure continue dans le même esprit de recherche d’authenticité, d’émulsion de réflexion, de joie d’en savoir toujours plus et de transmettre au plus grand nombre.
Chez nous, les danses, la musique, les us sont encore fortement imprégnés de cet esprit originel et la jeunesse qui n’a jamais fait défaut, « pousse à la roue » !!

Dans les années 1930, le provençal, bien qu’interdit à l’école, était couramment parlé à Brignoles et dans les familles. C’est chez les artisans et sur les chantiers qu’il a résisté le plus longtemps. Dans les familles bourgeoises on le parlait peu, mais on le comprenait parfaitement au contact des employés de maison.

En 1940, à 17 ans, Pierre Rochas prépare un certificat de sciences à Marseille, il est logé chez sa tante. Cette demoiselle dirige la chorale du groupe folklorique « La Couqueto » (créé en 1877). Engagé dans cette chorale, Pierre Rochas va approcher la langue provençale, apprendre le galoubet tambourin et pour palier au manque de garçons dans le groupe, se mettre à la danse.

« C’est à cette époque, qu’avec quelques amis, nous avons décidé de créer un groupe de folklore à Brignoles. »

Marius Fabre, venu jouer pour la procession de Saint Louis, fera connaître la technique et la facture des instruments provençaux. Gilberte Rochas aidée de Marie-Thérèse Plumier vont s’atteler à faire des recherches sur le costume de Brignoles.

Les premières répétitions, ont lieu dans la maison familiale chez le docteur Antoine Rochas. Le répertoire de danses est celui que Pierre Rochas a appris à la Couqueto. Le répertoire musical est constitué à partir des cahiers de tambourinaires de Marius Fabre et Pierre Rochas.

En 1941, le groupe participe à la Pastorale Maurel et joue devant des salles combles. À l’été 1942, le groupe est prêt et commence à participer aux fêtes patronales. La première était la Saint-Étienne à Bras. « Nous nous sommes rendus à bicyclette au domaine de Foncouverte et de là, en charrette jusqu’à Bras »

Le groupe des tambourinaires est officiellement créé en août 1942. « Comme nous étions mineurs, c’est Gilberte Rochas qui en assurait la présidence. »

« De tous temps, la source de Sant Sumian a alimenté la ville. Lorsque fut créé le groupe, pour la renaissance de la tradition populaire, il est apparu naturel de lui donner le nom de cette source.« 

L’embouligo de Sant Sumian

Ce petit personnage a longtemps été idolâtré. Il faut dire qu’il avait des pouvoirs surnaturels. L’objet du « délit » c’est ce petit orifice situé dans la partie basse de la tunique du personnage et que I’on a nommé pudiquement I’embouligo.

Quel drôle d’emplacement pour un nombril ! Les jeunes filles se bousculaient pour aller embrasser ou toucher cet orifice dans l’espoir de la réalisation d’un miracle, alors on a fait mine de croire qu’il ‘agissait là du nombril.

Après le baiser ou l’attouchement, disait-on, les femmes stériles devenaient fécondes, et celles qui n’avaient pas trouvé l’âme sœur se mariaient dans l’année. Ainsi notre Sant Sumian, on le nommera ainsi, va recevoir de nombreuses visites et le rituel se fera souvent à l’abri des regards pour ne pas choquer le curé qui aurait reconnu là un rite satanique.

L’embouligo, l’ombilic, représente la maternité, la transmission de la vie. Mais plus symboliquement, c’est la situation de la stèle au confluent de deux sources qui a inspiré la croyance : deux sources qui s’unissent et se confondent pour donner naissance à une fontaine dont l’eau limpide alimentera le village… et les imaginations.

Cette source a été acquise par la commune de Brignoles en 1558.

La stèle a peut-être tenu lieu d’autel dans l’ancienne chapelle Sant Siméon, qui existait déjà en 1387 avant d’être démolie deux siècles plus tard. Elle a été insérée en 1754 dans un mur au pied de la source jusqu’à ce jour du mois d’août 1953 où le Dr Jaubert l’a libérée pour dévoiler ses quatre faces et la mettre en lieu sûr.
Elle garde désormais I’entrée de la chapelle St-Louis.
(Source : Musée des Comtes de Provence)

En novembre 1942, les allemands occupent la zone sud de la France et le groupe se met en sommeil. Les jeunes gens sont appelés aux chantiers de jeunesse et aux STO en Allemagne.

En août 1944, Brignoles est libérée. Un ciel couvert avait empêché le bombardement aérien prévu.
« Avec les amis tambourinaires, nous grimpons au clocher et faisons sonner, jusqu’à épuisement, les trois cloches à toute volée. »

Le groupe reprend peu à peu son activité. Gabriel Larose, de retour de captivité, est intégré comme tambourinaire. Il sera un apport incomparable par sa connaissance des traditions, de la musique, et de la langue provençale.

La mairie octroie au groupe le premier étage du Mont de Piété, place des Comtes de Provence.

En 1946, Gilberte Rochas est en pourparlers avec le nouveau maire de Brignoles, Jean Marcel, pour acquérir le Mont de Piété. L’immeuble à demi ruiné est estimé à 40 000 francs.

Pierre Rochas, devenu président du groupe à sa majorité va diriger la reconstruction de tout l’immeuble. Seule sera conservée la grande salle du premier étage. Le plancher du rez-de-chausée et une partie d’étage doivent être entièrement refaits, un escalier neuf construit.

« Pendant les congés de Noël, nous attaquons les travaux. Toute notre équipe de garçons se transforme en manœuvre, souvent la nuit pour décaper et restaurer le magnifique plafond. Notre camaraderie se transforme en véritable amitié. »

Les travaux du Fougau (le foyer en provençal et trouvé par Gabriel Larose pour nommer la nouvelle maison du groupe) avancent bien que leur financement ne soit pas assuré. Léon Piasco, entrepreneur apporte son aide dans la réalisation des travaux et Pierre Buzzégoli fournit discrètement une partie des matériaux.

Le groupe réalise son premier voyage à l’étranger en 1946 en Suisse à Lausanne à l’occasion des premières « Fêtes du Rhône ». Là bas, les musiciens et danseurs vont découvrir l’accueil, l’hospitalité et la convivialité qu’ils n’oublieront jamais et mettrons en pratique à Brignoles, ce qui participera par la suite, à la réputation du groupe.

En 1948, le Président de la République, Vincent Auriol, vient inaugurer la Foire des Vins de Brignoles. Les tambourinaires furent mis à contribution et participerons aux festivités avec notamment un cortège folklorique comprenant plus de 100 personnes en costume.

A cette période, le groupe vit bien et les jeunes brignolais entrent aux tambourinaires mais aussi des personnes des villages alentours, Tourves, Rougiers, Le Val. Une nouvelle équipe se forme et s’organise.

Le groupe enchaîne les voyages et les festivals en Suisse, en Espagne, en Autriche, à Quimper et en Auvergne.

Faut d’effectif, le groupe sera en sommeil pendant près de deux ans. Les danseurs se font rares. C’est Gilbert Panuel qui va remobiliser les jeunes danseurs et musiciens en allant jusqu’à les chercher chez eux.

Lei Tambourinaire de Sant Sumian seront présent lors de la création du Rode de Basse Provence en 1968 à Barjols. Cette association regroupe les groupes folkloriques du Var et de l’ancien Var et va permettre de diffuser les codes du folklore provençal auprès de l’ensemble des groupes en réalisant des journées détudes, des stages, des examens de niveau de danse et de musique, des publications.

Avec Yvonne Quintin à la présidence, le groupe prend un nouvel essor. De nombreux jeunes danseurs et musiciens rejoignent l’association et prennent part aux activités. En danse, Claudie Piasco prend en charge le développement technique du répertoire et des danseurs. Le duo Yvonne-Claudie apporte au groupe une nouvelle dynamique et compose des tableaux de danses. L’un de ces enchaînements sera primé au Concours International de Copenhague en 1974.

Chaque année, le groupe participe à des festivals de folklore internationaux dans toute l’Europe en Suisse, Belgique, Allemagne, Autriche, Angleterre, Danemark ou encore Italie.

Lei Tambourinaire de Sant Sumian n’oublie pas ses anciens et commence à organiser des rencontres, des repas avec la première génération du groupe.

Des spectacles et manifestations sont organisés pour financer des travaux d’entretien du Fougau.

En 1982, Josianne Théveniau prend la présidence du groupe va participer à développer la fraternité des membres du groupe en animant la vie du groupe au travers de repas et événements.

Lei Tambourinaire de Sant Sumian sont de véritables ambassadeurs de la tradition provençale et en 1992, c’est sous la présidence de Christian Flayol, que le groupe célèbre ses 50 ans dans un spectacle grandiose réunissant, 5 groupes, 300 personnes en costume au Pont d’Olive.

Lei Tambourinaire de Sant-Sumian est une association solidement enracinée dans son territoire. Si ses activités locales demeurent au cœur de son engagement, le groupe rayonne également à l’international grâce aux liens tissés avec les communes jumelées de Brignoles : Brunico en Italie, Gross-Gerau en Allemagne, Tielt en Belgique, et Zamotuly en Pologne. Ces échanges réguliers offrent à l’association l’opportunité de partager la culture provençale au-delà des frontières et de s’ouvrir à d’autres traditions.

Sous les présidences de Christian Flayol (1990-1997) puis d’André Bernabo (1997-2005), Lei Tambourinaire a enrichi son répertoire, consolidé son identité artistique et renforcé sa place au sein des grandes structures folkloriques, telles que le Rode de Basse Provence et la Fédération Folklorique Méditerranéenne. Ces années marquent une période d’expansion et de reconnaissance pour l’association.

Au fil des décennies, les fêtes calendaires sont devenues des repères essentiels dans la vie du groupe. La Saint-Jean au solstice d’été, la Saint-Louis en août, la Fête de la Prune à Brignoles en septembre, les festivités calendales avec le gros souper provençal, ou encore les carnavals et la Saint-Marcel à Barjols ponctuent chaque année. Ces rendez-vous, mêlant traditions, convivialité et folklore, reflètent l’engagement de l’association à faire vivre et transmettre les coutumes provençales.

Cependant, la fin du 20ᵉ siècle a aussi été une période de défi. Les effectifs du groupe, tant en musiciens qu’en danseurs, avaient considérablement diminué. « Nous étions pauvres en musiciens et en danseurs, » se souviennent les anciens. Face à cette situation, un appel a été lancé à tous ceux qui avaient, un jour, porté les couleurs des Tambourinaire. Ce sursaut d’énergie s’est cristallisé autour d’un projet ambitieux : le spectacle « Sant Sumian 2000 ». Cet appel a résonné au-delà des espérances, mobilisant anciens membres et attirant leurs enfants, qui, petit à petit, se sont intégrés et ont insufflé un nouveau souffle à l’association.

Un tournant majeur dans l’histoire du groupe s’est également joué en 1997, avec la création des Médiévales de Brignoles. Sous l’impulsion du maire de l’époque, Jean Monnier, lui-même ancien tambourinaire, cet événement a vu le jour en plein cœur du mois d’août. Très vite, les Médiévales sont devenues un rendez-vous incontournable pour les Brignolais et pour Lei Tambourinaire de Sant-Sumian. Chaque année, l’association transforme alors le Fougau en une véritable « Taverne des Sant-Sumian », plongeant les visiteurs dans une ambiance festive et historique, à l’image de l’engagement du groupe pour faire vivre la tradition.

Lei Cabiscou

1942 – 1944 • Gilberte Rochas

1944 – 1972 • Pierre Rochas

1972 – 1981 • Yvonne Quintin

1982 – 1990 • Josy Théveniau

1990 – 1997 • Christian Flayol

1997 – 2005 • André Bernabo

Depuis 2005 • Cathy Piasco